« Je mise sur l’activité biologique de mes sols en maraîchage »
Pour faire face au climat des Pyrénées-Orientales, le maraîcher André Trives prend grand soin de la matière organique des sols et a planté plus de 4 000 arbres.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Dès son installation en 2017 à Elne, dans les Pyrénées-Orientales, André Trives se lance sur 1,6 ha de maraîchage sur sol vivant, dont 1 200 m² sous serres. « Dans mes sols, qui étaient au demeurant très compactés, il n’y avait aucune activité biologique, se souvient-il. La teneur en matière organique était de 1,2 %, soit en dessous de celle qui est souhaitable pour un sol sablo-limoneux, entre 1,8 et 2 %. » Aussi plutôt que de foncer dans la production maraîchère, il décide d’entamer d’abord une phase de régénération de ses sols. Coût de l’opération : autour de 25 000 €/ha.
Il commence par un apport conséquent de matière organique, avec 100 t/ha de broyat et 100 t/ha de fumier (sciure et crottin de cheval). Chaque apport est suivi de l’implantation d’un couvert végétal à base de vesce, vesce velue, blé et seigle semés à la volée et incorporés par le passage superficiel d’un rotavator. « L’idée était de remettre de la vie dans les sols, les restructurer en profondeur grâce aux systèmes racinaires des céréales et améliorer leur capacité de rétention d’eau », précise-t-il. La destruction du couvert se fait six mois après, lors de la floraison. Ce n’est qu’ensuite qu’André Trives passe à la production. La phase suivante est celle de l’entretien de la matière organique et de la vie du sol. La matière organique est apportée en surface en mulch à raison de 30 à 50 tMS/ha/an.
Les bénéfices de la régénération des sols
Entre l’apport de paillages et de matière organique chaque année, le taux de matière organique des sols a rapidement progressé. Il atteint aujourd’hui 18 %. « On a aussi gagné 10 cm de sol », commente-t-il. Les couverts végétaux sont semés chaque année. Sur la nouvelle parcelle qu’il a pris en fermage, il teste depuis cet été un mélange de sorgho fourrager avec un pois fourrager. « L’intérêt est de retrouver une surface prête rapidement pour accueillir des cultures d’automne », indique-t-il.
Son autre grande satisfaction est le retour des vers de terre. « On en avait 200 kg/ha quand on a commencé à régénérer les sols. À présent, on en a 4 t/ha. » Que du bonus puisqu’une tonne de vers de terre excrète 600 kg/an d’azote assimilable par les plantes. L’achat d’engrais est inutile, ce qui fait des économies sur les coûts de production. Et comme les sols sont très peu travaillés, d’autres sont réalisées sur le gasoil.
L’apport de l’agroforesterie
Pour stocker un maximum de carbone, outre l’apport régulier de matière organique, les parcelles sont divisées en jardins par des haies de fruitiers. À ce jour, plus de 4 000 arbres ont été plantés. S’ils produisent peu de fruits et demandent beaucoup de travail, « ils participent à la fertilité des sols, stockent du carbone et offrent de l’ombre et de la fraîcheur aux plantes, un rôle important dans notre secteur particulièrement chaud », assure André Trives.
Grâce à l’extrême diversification de son système de production, permettant une meilleure absorption et rétention de l’eau dans les sols, l’exploitation a développé une véritable résistance face aux aléas climatiques. « Comme les plantes sont en confort, nos sols très vivants et que les vers de terre font leur boulot, on a réduit notre irrigation, dont une partie est réalisée au goutte-à-goutte, l’autre par aspersion. On est passé de 10 000 m³ en 2022 à 6 800 m³ en 2024, en obtenant les mêmes volumes de production. » Sous un climat comme celui des Pyrénées-Orientales, c’est tout sauf anodin.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :